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Ivan : "J'ai encore envie de rêver"

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Plus que quelques heures et Ivan sera en selle pour la première course de sa saison 2014, le Gran Premio Costa degli Etruschi. Une saison où il se dit convaincu de pouvoir faire quelque chose de bien. Et même si à 36 ans beaucoup sont sceptiques et le pensent sur le déclin, il reste un coureur qui compte et qui est toujours très demandé par les médias. Hier je vous proposais l’interview d’Eatsport. Ce samedi voici celle de Pier Augusto Stagi, parue dans le magazine italien Tuttobici du mois de février. Un entretien dans lequel Ivan fait l’éloge des jeunes équipiers de la Cannondale et notamment Matej Mohoric, avec qui il a partagé la chambre lors du stage à Riotorto, en décembre dernier. Il revient aussi sur son rêve d’un troisième Giro, "pour le réaliser j’aurais besoin de l’aide de tous mes supporters". Et laisse la porte d’une participation au Tour de France entrouverte : "ce n’est pas dit que je ne le coure pas...". Une interview à la fois entre rêve et réalité.

 

- Tu reviens de Riotorto. Comment s’est passé ce second stage ?

Bien, très bien, je me suis entraîné avec une grande sérénité et profit. Je vais vous sembler un peu hors de ce monde mais je suis très confiant. J’ai mon âge mais je sens que j’ai encore mon mot à dire dans ce sport.

 

- Ton manager, Roberto Amadio, le pense aussi. Il te voudrait à ses côtés dans le futur...

Je le sais et j’en suis fier. Pour lui j’ai encore quelques années de haut niveau. Moi je veux penser uniquement à cette année, même si c’est la première fois de ma carrière que j’arrive à l’échéance d’un contrat. C’est ma seizième saison de professionnel et depuis sept ans je suis avec Roberto : avec aucune autre équipe je ne suis resté autant de temps. Nous nous connaissons très bien, nous nous estimons, nous savons très bien quelle est la route à parcourir. C’est une équipe de haut niveau, avec un noyau de jeunes que tous nous envient. Une équipe américaine, licence et société de gestion italienne. Est également arrivée l’entreprise française Sojasun (produit à base de Soja), qui entre dans le cadre d’un projet plus ample, lié à une correcte alimentation, que l’équipe mène depuis plusieurs années déjà, grâce au docteur Roberto Corsetti. Moi je suis le plus vieux des coureurs, le seul à être né avant 80 (en 77), mais je sens que je peux surprendre : même les plus sceptiques...

 

- Il y a beaucoup de jeunes, un très jeune coureur Matej Mohoric, que tu as baptisé lors du premier stage à Riotorto en décembre.

Nous avons été compagnons de chambre. Qu’est-ce que je peux dire de Matej ? Il a seulement 19 ans (il aura 20 ans le 19 octobre prochain) mais il a une maturité qui est étonnante. Il est dur et gentil, pointilleux et rayonnant. Il a une intelligence hors du commun. Il pose peu de question et elles sont toutes pertinentes. Il écoute et il apprend le métier. Je n’ai jamais rencontré un tel garçon...

 

- On dit qu’il ressemble beaucoup à l’Ivan des débuts...

Nous partageons une passion profonde pour le vélo, mais lui est aussi plus intégriste que moi. À l’occasion du premier stage il m’a même effrayé par sa rigueur. Réveil à 5h30, au lit à 20h30. Je lui ai dit : Matej je comprends que tu sois habitué à vivre ainsi, et en ce moment tu peux habituer ton organisme à ces horaires car nous sommes en stage. Mais dès que les courses débuteront, tu ne pourras plus maintenir ces horaires-là. Tu dois apprendre à bien te reposer quand c’est l’heure de le faire, sans regarder l’horloge. Mais comme cela arrive durant les courses, où les temps d’actions sont souvent décidés par tes adversaires, c’est la même chose pour le temps de repos et du rythme de vie, qui sont commandés par les obligations. Pour les courses à étapes, tu arrives souvent à l’hôtel à 21h. Que fais-tu ? Tu vas au lit sans avoir dîné ? Il faut de la mesure et du bon sens... Matej a tout de suite compris. Le matin il a commencé à se lever à 7 h et il remontait dans la chambre vers 21h30-22h. Car c’était également important de rester un peu éveillé pour parler avec les coéquipiers. Car les équipes, les groupes, naissent en se fréquentant. Si on se connait, on se met à disposition de l’autre plus facilement. Si on est ami, on va aussi au charbon pour les autres. Matej a tout appris avec la rapidité de ceux qui ont une autre vitesse.

 

- Mais c’est vrai qu’il étudie comme un fou ?

Il étudie l’italien depuis six mois et bientôt il le saura mieux que moi. Il est incroyable, il apprend tout avec une grande facilité. Il parle le slovène, l’anglais parfaitement, le français, l’allemand, il est en bonne voie avec notre langue. Il a une tête qui pourrait lui assurer cinq laurea (diplôme universitaire italien). Croyez-moi, l’histoire de ce garçon est déjà écrite. Il deviendra un grand. Il suffit de le voir pédaler...

 

- Qu’entends-tu par "il suffit de le voir pédaler" ?

Il ne fait qu’un avec le vélo. Il a une facilité pour pédaler. Il semble né pour rester en équilibre précaire. Et puis tu vois comme il scrute, comme il observe : difficilement il commet une erreur et jamais il ne la répète deux fois.

 

- Quel type de coureur sera Matej ?

Fort, sans aucun doute fort, mais il est encore très tôt pour dire sur quels terrains il pourra devenir un grand. Peut-être sur tous les terrains, mais en le laissant progresser calmement.

 

- Tu nous as parlé de lui, maintenant parles-nous des autres jeunes de l’équipe Cannondale...

Nous en avons tant, tous plus forts les uns que les autres. Mettons de côté Peter Sagan, qui est désormais une certitude et voyage sur d’autres niveaux. Nous avons Viviani, à qui il manque la grosse victoire pour se débloquer. S’il avait gagné l’étape du Giro à Napoli (il fût battu par Cavendish), nous verrions à présent un Elia très différent. Puis nous avons Moreno Moser, qui est très jeune. Même discours que celui fait pour Elia : laissons-le grandir, il percera à coup sûr. Notre équipe a un système d’observateurs à l’avant-garde. Nous pouvons dormir tranquille, également avec des garçons qui font leurs débuts dans l’élite comme Bettiol, Villella et Formolo...

 

- Sagan réussira à gagner une grande classique ?

Nous viserons la Sanremo mais aussi le Tour des Flandres, après les secondes places en 2013. Les soutiens de Marcato et Gatto lui seront très utiles.

 

- Parlons un peu de toi : quelle saison ce sera ?

Je suis très confiant, j’ai envie de bien faire.

 

- Savoldelli a dit que ce que tu avais à donner tu l’as donné...

Il a raison, car l’âge est ce qu’il est, cependant je suis toujours celui qui doit convaincre quelqu’un et j’aimerais pouvoir en laisser quelques-uns bouche bée.

 

- Mais toi tu crois vraiment au troisième Tour d’Italie ?

Moi oui. Je suis fou ? Eh bien à un certain âge tu sais qu’on ne raisonne plus très bien... Plaisanterie à part, cette année je courrai comme si j’étais le plus fort du peloton. Ils me disent cuit ? Patience, chacun peut penser ce qu’il veut et moi je ne peux que répondre par mon comportement en course. Je sens que je peux encore donner quelque chose et, franchement, j’ai du respect pour la critique, mais je n’en fais pas une maladie s’ils me disent que je suis fini. C’est plus facile que ce soit eux qui aient raison, plutôt que moi. Mais à mon avis j’ai toute l’envie et le tempérament pour dire qu’ils devront y repenser.

 

- Quels seront les hommes à battre au prochain Tour d’Italie ?

Je pense Nairo Quintana, Richie Porte, Joaquin Rodriguez, Rigoberto Uran et mon ami Michele Scarponi.

 

- Tu as été déçu de ne pas pouvoir aller courir avec Nibali ?

Je suis heureux d’être resté à la Cannondale, mais je suis tout aussi fier d’avoir été demandé par une équipe et par un coureur comme Vincenzo : j’ai laissé en lui un bon souvenir.

 

- Le Tour tu le courras ?

Après le Giro on fera le point...Pour l’instant je ne sais pas encore, ce n’est pas dit que je ne le coure pas...

 

- Tu penses que Contador a encore quelque chose à dire ?

Et comment. Rappelez-vous qu’après la suspension et une longue période d’inactivité, il a immédiatement gagné la Vuelta. L’an passé il a eu une saison compliquée, mais on ne doit pas oublier que c’est un champion absolu.

 

- Si tu étais Wiggins, tu reviendrais sur le Giro ?

Moi oui, il a seulement à y gagner et désormais rien à perdre.

 

- Nibali pourra battre Froome au Tour ?

Il ne devra pas uniquement battre Chris, même si le kenyan sera forcément le favori, mais Vincenzo a parfaitement raison d’essayer de viser le grand objectif. Il en est très proche, il ne lui manque pas grand-chose pour réussir.

 

 

- Si tu pouvais prendre un jeune coureur à une autre équipe, qui choisirais-tu ?

Fabio Aru, je n’ai pas de doute. Cependant je le répète, nous à la Cannondale nous avons des garçons que tout le monde nous envient, et puis ils ont la chance d’avoir à leur côté un petit vieux comme moi qui peut les aider. Un petit vieux qui se sent encore sacrément jeune et qui a encore envie de rêver, même quand beaucoup de gens lui disent "tu es tout simplement fou".

 

 

 

 

FORZA IVAN !!!!!



01/02/2014
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