Ivan, passionnément rose

Il y a quelques jours Ivan s’est rendu à l’Institut Staps, à Cologne en Allemagne. En compagnie du chef des préparateurs physique de la Cannondale, Sebastian Weber, il a effectué des tests, comme il le faisait déjà lors des précédentes saisons avec le centre Mapei. En Allemagne, Ivan y a jusqu’alors peu roulé, mais il apprécie ce pays et son public, comme il l'a confié au site allemand Muax : "Les gens sont vraiment gentils, ils respectent les règles. Tu le sens quand tu marches, quand tu es en voiture. C’est un pays où je me sens vraiment bien. Je n’ai pas beaucoup couru en Allemagne. J’ai couru quelques courses au début de ma carrière. Mais nous passons en Allemagne avec le Tour de France ou le Tour d’Italie et tu ne trouves pas un seul mètre le long de la route sans qu’il n’y ait personne. Les gens sont partout et ils aiment le cyclisme". Les problèmes de dopage ont un temps refroidi les allemands, qui ont été jusqu’à ne plus retransmettre en direct le Tour de France, mais selon Ivan le cyclisme est en train fait de gros efforts pour sortir de ses ennuis et retrouver sa crédibilité auprès des supporters : "Bien-sûr il y a quelques personnes qui sont déçus par les scandales. Mais beaucoup de gens comprennent que le cyclisme fait des sacrifices. L’UCI et la WADA, essaient de changer et de faire en sorte que ce que voit le public à la télévision ou aux bords des routes soit vrai. Et beaucoup de gens comprennent cela. Le cyclisme est un des sports les plus à la pointe pour la lutte anti-dopage".

Et le public Ivan va justement bientôt le retrouver, ce sera dès dimanche en Suisse, au Gran Premio Lugano. Le deux février dernier il a lancé sa saison au Gran Premio Costa degli Etruschi mais pour Ivan les choses sérieuses démarrent avec Lugano : "La saison est commencée mais pour moi elle débute dans quelques jours. J’ai débuté le 2 février en Italie mais c’était juste histoire de reprendre. Mon réel départ c’est dimanche prochain au Gran Premio Lugano". Il aborde sa seizième saison avec optimiste et avec l’envie de partir à la conquête d’une troisième victoire sur le Tour d’Italie : "Je me sens très bien. Durant ces deux derniers mois nous avons travaillé très dur pour préparer mon équipe et moi la saison qui arrive. Le grand objectif est dans deux mois, donc nous avons du temps pour atteindre, avec mes équipiers, le top de la forme au départ du Giro. Tout le monde met son énergie dans la préparation de la course rose et nous sommes confiants de faire un très bon Giro. Gagner est toujours difficile car il y a beaucoup de champions présents. Nous devons faire de notre mieux pour construire la meilleure équipe et pour que bien-sûr je sois dans la meilleure condition pour combattre durant ces trois semaines de Giro. Mais parfois on peut être au top niveau et on ne gagne pas. Car le cyclisme n’est pas mathématiques, 1+1 ne fait presque jamais deux. Pour essayer de faire quelque chose de spécial pour gagner, tu peux utiliser l’expérience, la fantaisie, ce que tu as dans ton cœur et dans ta tête".

Afin que son rêve rose devienne réalité, Ivan va intensément travailler jusqu’au 9 mai, date du grand départ. Il a prévu d’alterner entre stages et courses. Il y a quelques jours il a d’ailleurs apporté quelques modifications à son programme, choisissant notamment de venir sur Tirreno-Adriatico à la place du Tour de Taiwan : "Je ferai la Roma Maxima, Tirreno-Adriatico, Tour de Catalogne, un grand stage en altitude au Teide et je serai de retour à la compétition au Giro del Trentino. Et après le Giro del Trentino nous avons deux possibilités : ou un autre stage en altitude, ou le Tour de Romandie. Mais nous prendrons la décision seulement après le Giro del Trentino". Ivan espère surtout que cette fois-ci son physique va le laisser en paix, lui qui avait dû renoncer au Giro 2013 à seulement trois jours de son commencement : "Je suis confiant et c’est un bon moyen d’obtenir une grande grande forme pour faire un fantastique Giro". Et quant aux conditions climatiques, qui avaient été exécrables il y un an, Ivan ne s’inquiète pas : "Tous les coureurs préfèrent une condition normale, pas trop chaud, pas trop froid. Mais c’est le cyclisme et quelques fois il faut s’adapter. Quand nous commençons le Giro, nous savons que nous allons avoir 21 jours de folie. Donc tu dois être préparé à tout. Quelques soit le temps nous devons courir car c’est important de gagner des courses mais aussi de divertir les supporters, les millions des gens qui sont présents sur les routes, car ils sont là pour ça".

Et après le Giro ? Ivan préfère pour l’instant ne pas planifier sa deuxième partie de saison. Le Tour d’Italie est au centre de toutes ses attentions et envisager une éventuelle participation au Tour de France ou à la Vuelta est encore fort prématuré : "Un grand tour est toujours un objectif mais pour le moment c’est trop tôt de penser à ça. Le Giro utilise toute mon énergie et c’est important pour moi d’être concentré. Bien-sûr que le Tour de France est un cran au-dessus de tout. Mais je n’ai pas le temps d’y penser. C’est mieux de rester sur son objectif et d’avancer pas à pas. Cela ne sert à rien de dire je veux. Je dois simplement travailler et donner mon maximum pour atteindre le meilleur résultat possible". Et pour cela il pourra compter sur le précieux soutien de ses équipiers, en qui il a une grande estime : "Nous avons beaucoup de jeunes bons coureurs, nous avons également des champions fantastiques comme Sagan, qui gagne partout. La Cannondale 2014 est une très bonne équipe, elle veut rester au top niveau, comme durant ces neuf dernières années". Les jeunes, Ivan les aide à sa façon, et pour lui plus que parler, ce qui prime c’est l’observation : "C’est en observant que l’on apprend, en regardant comment tu manges, comment tu t’entraînes, à quelle heure tu vas dormir. Je dois être un exemple pour eux avant tout dans les actes, car si tu dis quelque chose à quelqu'un et que tu ne le fais pas toi-même, ce n’est pas bon du tout. Le plus important c’est d’être constant dans ce que tu fais et c’est ce que j’ai toujours fait dans ma carrière. Si tu demandes à mes amis dans le cyclisme et à ceux que j’ai côtoyés, ils ne se rappellent pas de moi pour mes victoires, mais ils se souviennent de moi en tant que personne et c’est la plus belle victoire de ma carrière". Ivan, une personne spéciale aux yeux profondément verts et au cœur passionnément rose…

Voici l'intégralité de l'interview vidéo, en anglais :