Zoncolan, le paradis d'Ivan
C’était le 23 mai 2010, par un beau dimanche de Tour d’Italie. Ivan, après plus de trois ans d’enfer, revoyait le paradis...au sommet du Monte Zoncolan. Une journée inoubliable, sur une montée mythique. Demain sera présenté à Udine le livre "Zoncolan, la montagna diventata mito" (Zoncolan, la montagne devenue mythe), écrit par le journaliste Antonio Simeoli et publié aux éditions Forum. La préface est signée Ivan, qui rend un fort bel hommage à l’ascension qui lui a permis de renaître, sportivement et humainement. Cette année le Giro y repassera, pour ce qui devrait être l’étape décisive de la course rose. Notre Champion rêve d’y briller à nouveau, sur celle qui est devenue sa montée de cœur, là où il laissé une partie de lui pour toujours.
Le Messaggero Veneto a publié aujourd’hui la préface d’Ivan, dont voici la traduction.
Ma vie d’athlète, de coureur professionnel, a été marquée par des personnes, des événements et des lieux qui, d'une manière ou d'une autre, ont conduit à des succès, et parfois, à des échecs. Ce n’est pas un parcours facile, loin de là, et quand quelqu'un ou quelque chose te laisse un souvenir capable de te remplir le cœur, tu sais que c’est pour toujours. Je pourrais citer beaucoup de personnes fondamentales à ma croissance, tant d’endroits qui sont liés à de magnifiques souvenirs. Parmi tous il y en a un qui ne m’a pas seulement offert une joie énorme, indescriptible, mais qui a marqué un véritable tournant. Et s’agissant de ma vie, ce ne pouvait être qu’une montée, le Zoncolan. Je me rappelle la première fois que je vis la banderole "La porte de l’enfer" et je pensai que, pour l’effort et le sacrifice que requiert une montée comme celle-là, jamais des paroles ne furent plus exactes. L’entrée, puis, avec les arbres qui t’entourent à droite et à gauche et créent une ombre presque mythique. Quand j’y suis passé pour une reconnaissance j’ai eu le temps de me rendre compte de cette atmosphère. En course, cependant, l’adrénaline et l’esprit de compétition prennent souvent le dessus et te le font oublier.
En 2010 je vis le Zoncolan d’un point de vue différent. Ou mieux : il pouvait rester la porte de l’enfer, mais il pouvait devenir le passage pour le paradis. Cette pensée était dans ma tête depuis des jours, avant le fatidique 23 mai. Le Tour d’Italie allait vivre une de ses journées clés, et nous y arrivions après des étapes difficiles, pas seulement physiquement mais aussi moralement. Avec mon équipe, la Liquigas-Doimo, nous savions que nous jouions beaucoup des ambitions de conquête du maillot rose. Le 22 mai nous fêtâmes la victoire de Vincenzo Nibali à Asolo et le moral était haut. La conscience de ne pas être encore arrivés là où nous voulions, et pouvions, arriver était quand même vive. Nous rejoignîmes la "porte de l’enfer" après 210 kilomètres et trois montées dans les jambes. Raconter les sensations que je vivais est difficile, mais plus je m’enfonçais dans la cohue du Zoncolan, plus je me rendais compte que "le jour 2" était arrivé.
L’adversaire était un champion comme Evans. Le duelliste avec lequel je devais me confronter, celui que je devais attaquer et distancer. Mais dans mon esprit il y avait également autre chose. Le Zoncolan aurait été le seul et vrai moment pour pourvoir dire : Ivan Basso est revenu. Comment s’est terminée cette étape et ce Giro, tout le monde le sait. Cependant le résultat qui reste écrit dans les palmarès, dans les livres d’histoire du cyclisme, fait seulement partie d’un tout. Il y a un souvenir dans ma tête, dans mon cœur, qui vaut plus que n’importe quel titre ou victoire. La grandeur de la montagne, représentée par des milliers de supporters que je voyais chaque fois que j’ouvrais les yeux, était quelque chose d’extraordinaire. Voir la ligne d’arrivée était impossible, mais les cris, les bruits de la foule m’aidaient à comprendre qu’elle n’était finalement pas si loin.
La fatigue dans les jambes était forte, car le Zoncolan les met à très rude épreuve. La saveur de l’exploit que j’étais en train de réaliser m’aidait cependant à l’oublier. La sortie du tunnel, ensuite, a été le moment le plus touchant, celui qui me fait encore venir la chaire de poule. La pensée qui faisait mon chemin dans ma tête est indélébile : l’enfer est derrière moi, me voici au paradis. Cela aura été le cadre naturel du Zoncolan, peut-être la pente de la route qui te portait de plus en plus en haut, ou peut-être encore le bleu du ciel, mais un moment aussi intense je l’ai rarement vécu dans ma carrière.
À quasiment quatre ans de ce 23 mai, mon lien avec le Zoncolan et le Friuli est de plus en plus solide. Nous sommes liés par un fil de souvenirs, qui m’ont amené à découvrir une terre unique, un joyau d’une rare beauté et tranquillité. Pouvoir dire que moi aussi j’ai écrit une partie de l’histoire de cette montagne et de cette montée me gêne presque. La grandeur d’un sommet est quelque chose qui te fait sentir un homme petit, qui intimide, pour ne pas dire que parfois il fait peur. Puis, c’est cette même montagne qui s’ouvre, à travers un sentier devenu route, et enlève toute crainte. Elle t’invite à "y entrer", à la connaître. Et enfin, elle t’offre la joie la plus grande. Merci, Zoncolan, la "porte du paradis". Et merci à Antonio, qui a réussi à en reconstruire la mythique histoire, à en donner la valeur à travers les mots et à transmettre avec une vraie et unique passion la mémoire et le souvenir des personnes.
Ivan
FORZA IVAN !!!!!
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