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Le Giro del Trentino débute ce mardi. Pour Ivan la course italienne est l’occasion de faire les derniers réglages avant le Tour d’Italie. Sur la course rose, notre Champion espère justement pouvoir réaliser une belle prestation. À 36 ans il sait bien qu’il ne fait plus partie des grands favoris mais il reste cependant plus que jamais motivé pour faire un beau résultat. Et c’est en silence, sur les hauteurs du Monte Teide, qu’Ivan a souhaité se préparer à son rendez-vous du mois de mai. Il a jusqu’à alors voulu peu parler à la presse, mais à l’approche du Trentino, Ivan a accepté de répondre aux questions de Marco Pastonesi de la Gazzetta.

- Ivan, où est la fin ?

Aldo Sassi disait que pour le cyclisme jusqu’à 40 ans les valeurs liées à la résistance, y compris la consommation maximale d’oxygène, baissent de façon quasiment imperceptible. Après 40 ans "la cyclindrée" cale. Cela dépend beaucoup de comment la vie de coureur est menée, à combien de pression on est soumis et combien de pression on subit. En résumé, jambes et mental. Le plus souvent  on lâche à cause du mental, pas à cause des jambes. Tranquillité sérénité, conviction et motivation influent plus que les années.

- Vous courez avec des coureurs qui pourraient être vos enfants.

Ici au Trentino je partage ma chambre avec Davide Formolo. Il est né en 1992. Il a presque 15 ans de moins que moi. De nos jours cela signifie deux ou trois générations. Et pourtant je ne me sens pas aussi éloigné. Au contraire, je reconnais en lui certaines de mes caractéristiques. Il y a des coureurs qui me demandent quelle voiture  j’ai ou combien de fois je suis allé au Maldives. Formolo me demande qu’est-ce qu’il est mieux de manger ou boire, quel entraînement faire, quelle position adopter.

- Et vous ?

Je lui ai expliqué que nous nous sommes comme des F1. Le moindre détail, même dans l’alimentation et dans l’habillement, fait la différence. Revenu d’un entraînement, je pourrais boire une bière et manger des cacahouètes, mais à l’inverse je prends une tasse de thé, de thé vert même, celui avec la plus grande action anti oxydante. Pour fabriquer un "moteur", pour construire une carrière, le thé vert a également son importance. Ensuite j’ai ajouté que je ne sais pas ce qu’il gagnera, cela dépendra de beaucoup de variables, liées aussi au destin, mais il a déjà les deux qualités indispensables pour être coureur : passion et détermination.

- Et vous, vous avez toujours la même passion et détermination ?

Je viens de 17 jours aux  Canaries, sur le volcan Teide, le sommet est à 2300 mètres, l’hôtel à 2150 : la meilleure salle de sport naturelle pour qui veut préparer un grand tour avec la température, les parcours, les dénivelés et le style de vie. La journée est exclusivement dédiée au cyclisme : petit-déjeuner, entraînement, récupération, massage, dîné, repos. Une vie disciplinée. Et qui a toujours donné de bons résultats, si ce n’est excellent : 2ème au Giro 2009, 1er en 2010, 5ème en 2012. Sensations, données, et valeurs sont les meilleurs. Cela ne se traduit pas forcément par une victoire ou un podium, car il y a la course et les coureurs.

- On dit que vous êtes sur une trajectoire descendante.

Si à mon âge je devais encore atteindre les meilleurs résultats, cela serait étonnant. Je reconnais mes limites, et les reconnaître est la première étape pour pouvoir les surmonter. Et je ne fais pas d’annonce : je serais pathétique si je disais que je gagnerai le Tour d’Italie. Mais je suis convaincu de pouvoir être parmi les acteurs et conquérir quelque chose d’important, et pour un coureur de fond comme moi c’est jouer le classement général. Cela me suffirait d’être en bonne santé. Il y a sept-huit mois j’étais en train de lutter avec les meilleurs à la Vuelta, puis un imprévu me laissa à pied.

- Au Trentino que demandez-vous ?

Rester devant. Cela me manque depuis trop longtemps.

FORZA IVAN !!!!!